En 1994 Louise Robin crée Artaban avec une poignée d’amis. Plus de 30 ans après, elle est toujours conférencière pour l’association et membre du conseil collégial, qu’elle continue d’abreuver de ses idées foisonnantes. On fait le point avec elle à travers quelques questions.
Qu’est-ce que tu avais en tête lors de la création d’Artaban en 1994, et est-ce que l’association s’en approche aujourd’hui ?
Quand j’ai crée Artaban, je voulais surtout pouvoir décider de ce que j’avais envie de faire. L’idée d’un collectif, de faire des choses avec d’autres, est venue assez rapidement, mais dans un deuxième temps. Principalement, il s’agissait de prouver qu’il y avait sur Nantes des ressources suffisantes pour faire vivre les historiens d’art. C’était aussi la clôture d’une période parisienne insatisfaisante.
Sur quel type d’intervention est-ce que tu prends le plus de plaisir à travailler ?
En fait, beaucoup de choses me plaisent. En plus de mes études en histoire de l’art moderne et contemporaine, mon secteur s’est étoffé depuis une quinzaine d’années grâce à mon investissement et à la production d’ouvrages sur le patrimoine et l’architecture balnéaire.
Cela a ouvert un champ très large, touchant aussi bien à la sociologie qu’au politique.
Ce que j’aime le plus, c’est l’alternance entre toutes ces activités : la recherche, la pédagogie, la préparation de conférences, l’actualité culturelle, les recherches artistiques ou architecturales – à condition qu’il y ait un bon équilibre entre elles.
Je vis ainsi différentes « saisons », allant des relations diverses et variées jusqu’à la négociation avec les politiques, notamment en ce qui concerne les questions d’architecture.
Pour toi, quelle est la plus grande réussite d’Artaban en 30 ans ?
Sans hésiter, le modèle de gouvernance horizontale. À partir de là, les possibilités créatives sont immenses. Ma grande expérience associative me prouve que c’est très rare. Cette aventure de 30 ans m’a confrontée à des expériences multiples, qui m’ont aidée à construire ce projet, en avançant par tâtonnement.
Je ne comprends pas le système dominant aujourd’hui des assos qui anticipent leur évolution avant même d’exister. Une association est pour moi un terrain d’aventure.
Et le plus gros raté ?
J’aime à dire qu’il n’y a pas de ratages dans la vie d’une association, à la façon du « Je ne perds jamais, soit je gagne, soit j’apprends » de Mandela. Et c’est le secret de la durabilité d’un projet.
Mais de façon anecdotique, oublier de me rendre à un cours ou une conférence programmée m’est arrivé 2 ou 3 fois, et à chaque fois il m’en est resté un souvenir cuisant ; c’est d’ailleurs l’un de mes cauchemars récurrent !
Comment Louise Robin, sa fondatrice, voit l’avenir d’Artaban en cette rentrée 2025 ?
De façon optimiste ! Nous sommes sur de bons rails, et il y a un faisceau de personnalités très intéressantes attachées à Artaban (qui peuvent d’ailleurs toujours se détacher…). C’est ce paradoxe de sécurité et d’insécurité qui permet à l’aventure de se poursuivre ; et à l’initiative d’avoir toujours sa place.
