Dans les coulisses des « grandes expos »

De nombreuses conférences d’Artaban présentent de grandes expositions. Le public y vient en nombre pour de multiples raisons : préparer sa visite prochaine d’un grand musée parisien, mieux comprendre une exposition qu’on a vu lors des dernières vacances dans le Finistère, avoir le plaisir de connaître une expo sans qu’on ait pu s’y déplacer… Mais comment ça se prépare, une conférence qui puisse satisfaire des motivations aussi diverses ? Annaïg Caillaud, conférencière pour Artaban, vous livre sa recette.

Tout commence par une visite

Même si c’est une évidence, il faut bien commencer quelque part, et c’est souvent au musée que ça se passe. Pour la visite, il vaut mieux y aller peu après l’ouverture (afin d’avoir un temps de préparation suffisant), mais sur un moment calme si possible, un matin en semaine par exemple.

Quelques recherches préalables sont parfois utiles, mais avec une formation d’historienne de l’art complète et l’expérience de nombreuses conférences, il n’est pas nécessaire d’en faire trop. Mieux vaut découvrir sur place l’exposition proposée et en suivre le cheminement, en apprécier l’ambiance et la muséographie, repérer les aspects pratiques et concrets (accessibilité, médiation, prise en charge des enfants, etc).

Il faut aussi songer à prendre de nombreuses photos, à la fois des œuvres mais aussi des cartels afin d’avoir toutes les informations techniques à disposition plus tard. Souvent la visite se fait à deux, ce qui permet de montrer au public la taille de certaines œuvres.

Phase de recherche et de structuration de la conférence

Le plus gros du travail commence après la visite : il s’agit à la fois d’éplucher une documentation importante (revues, catalogue d’expo, documentaires, émissions de radio, lectures complémentaires…) mais aussi de construire une conférence avec une structure cohérente, qui reprend souvent la muséographie voulue par les commissaires tout en la rendant intelligible pour une présentation.

La conférence peut, en effet, faire le lien avec d’autres artistes, d’autres expositions ou des sujets déjà traités et qu’il serait intéressant d’amener pour commenter la visite. De plus, il est nécessaire de faire des choix : impossible de tout montrer et de tout développer en 1h30. Certaines œuvres disparaissent alors du plan, ou sont traitées rapidement sans qu’on s’y attarde.

Les images : la clé d’une belle expérience

Une conférence sur les grandes expos, ce n’est pas seulement un récit ou une description orale : c’est aussi l’occasion de faire voir une exposition, montrer des œuvres que le public n’aura peut-être pas l’occasion de voir dans la réalité. Les images présentées doivent donc être de bonne qualité, d’autant plus qu’elles sont diffusées sur un écran gigantesque : toute imperfection pourrait venir gâcher l’image. Toutes les visites sont donc faites avec un téléphone spécifiquement choisi pour la qualité de son appareil photo.

Lors de la fabrication du diaporama, un tri important est fait pour sélectionner les images les plus intéressantes. La présentation doit mettre en valeur les détails qui serviront le propos lors de la conférence. D’autres œuvres complémentaires, qui ne sont pas forcément dans l’exposition, peuvent être ajoutées au diaporama, en indiquant bien au public qu’elles ne sont pas exposées.

Rédiger la conférence : le gros morceau

Une conférence devant plusieurs dizaines de personnes, cela nécessite une préparation au cordeau. Avoir un beau diaporama et une structure ne suffit pas : toute la conférence est préparée avec un script permettant de rebondir et éviter toute hésitation ou imprévu.

Donner une conférence n’est toutefois pas un exercice de lecture. Il s’agit de présenter un ensemble d’idées et de les transmettre : si les idées et descriptions sont bien préparées, on peut alors porter plus d’attention sur le rythme, sur les intonations, sur l’échange avec le public…

Le jour de la conférence : que du plaisir

On a beau être correctement préparée et être sure de son travail, il n’est jamais évident de se présenter seule face à une audience qui peut être très importante. Mais une fois démarrée la conférence, la pression se relâche et ne reste plus que le contentement de transmettre et de partager des connaissances passionnantes. Contrairement à l’Université, ici le public n’est pas soumis à un examen à la fin, et c’est donc par pur plaisir qu’il vient écouter des histoire. Et c’est ce plaisir que prend le public qui est une véritable récompense !